Edward Podvoll (1936-2003). Psychiatre et psychanalyste, le Docteur Edward Podvoll a d’abord exercé dans plusieurs hôpitaux psychiatriques dont Chestnut Lodge et Austen Riggs aux Etats-Unis. L’une des phrases préférées de Podvoll était: « Qui a un esprit peut aussi le perdre ». Psychanalyste dans la tradition d’Harold Searles et de Frieda Fromm-Reichmann, Edward Podvoll avait l’intime conviction que la schizophrénie, même la plus sévère, demeurait guérissable.

Dans les années 70, Podvoll se tourne vers le bouddhisme tibétain, qu’il ne considère pas comme une religion, mais comme une tradition de 2500 ans de recherche sur l’esprit humain. Sa rencontre avec Chögyam Trungpa Rinpoche est décisive et il a été, de 1978 à 1990, directeur du programme de Psychologie Contemplative qu’ils ont fondé ensemble à l’Institut Naropa (devenu depuis l’Université Naropa) au Colorado.

Le projet Windhorse, qu’il a initié en 1981, a révolutionné l’accueil et le traitement des personnes psychotiques. Dans le cadre de ce projet, Podvoll a d’abord fondé une communauté thérapeutique appelée « Maitri Psychological Services » et qui a opéré de 1981 à 1987. Le groupe organisait des équipes cliniques, à domicile ou en centres communautaires, à destination de personnes souffrant de troubles mentaux sévères. L’organisation « Windhorse Community Services” a vu le jour en 1990, à Boulder, au Colorado. Le concept a été repris depuis dans plusieurs villes des Etats-Unis et dans plusieurs pays Européens.

Le Docteur Podvoll a ainsi développé diverses méthodes visant à rétablir le contact avec des patients se trouvant dans un état de désarroi extrême.  Au lieu de poser des diagnostics, Windhorse se concentre sur la responsabilisation du patient et sa participation au processus de retour vers la santé. Cette méthode suppose une grande disponibilité des thérapeutes qui sont amenés à observer leur propre esprit grâce à la pratique de la méditation et à réduire la distance entre thérapeute et patient. Edward Podvoll soulignait, en effet, l’importance capitale de la présence d’être humain à être humain dans le processus de guérison. Il affirmait ainsi que «dès que l’on se présente uniquement en thérapeute face à un autre être humain, on perd déjà la moitié de son humanité.»

Ed Podvoll concevait les crises psychotiques comme des crises spirituelles, dans lesquelles le noyau sain de tout être humain est simplement plus difficile à trouver mais bien présent. La principale tâche thérapeutique était, pour lui, de parvenir à ce noyau et de le renforcer.

Ed Podvoll a effectué une retraite de 12 ans dans le monastère bouddhiste du Bost en Auvergne.

 

Gisela von Keiser sur les « îlots de santé », une expression d’Edward Podvoll.

 

Quatrième de couverture:

« Cet ouvrage, dont la première édition « Seduction of Madness » parut en 1990, parachève le travail de toute une vie au service de la guérison de la psychose et fait aujourd’hui figure de référence. Il s’adresse aux familles de psychotiques, aux professionnels de la santé mentale, aux pratiquants de la voie bouddhiste et, plus généralement, à toute personne curieuse des phénomènes de l’esprit et des mécanismes de la psychose.

La première partie du livre rapporte les témoignages de personnes ayant traversé des états psychotiques. Ces récits, rédigés à la première personne dans un style direct et captivant, nous font littéralement vivre le processus de la folie. Les mécanismes de la psychose y sont décrits et analysés et les conditions indispensables à la guérison dévoilées, à commencer par l’importance de l’environnement, des relations humaines et des « îlots de clarté » . Un chapitre est notamment consacré au poète et peintre Henri MICHAUX qui, à la suite de ses expériences avec les drogues, nous a livré, de son exploration de la démence, une description particulièrement vive et enrichissante des différentes phases de la psychose.

La deuxième partie est plus particulièrement destinée aux familles qui ont à prendre soin d’une personne psychotique et qui souvent se sentent démunies. Le Dr Edward PODVOLL expose les principes de « l’assistance de base » expérimentée dans les structures d’accueil de Windhorse et donne les clés nécessaires à ceux qui désirent créer un foyer de traitement thérapeutique. Plus généralement, « l’assistance de base » et le modèle Windhorse sont adaptés (sous contrôle médical) à toute personne souffrant de troubles ne nécessitant pas d’hospitalisation en long séjour : personnes âgées, enfants ou adolescents en difficulté, personnes dépendantes (drogue, alcool…), etc. »

Reportage Someone Beside You
Une approche filmée de la psychose,
avec interviews d’Ed Podvoll
et d’un psychothérapeute du projet Windhorse de Boulder, Colorado