Méthodes

La pleine conscience et la présence compatissante dans le travail avec les autres

Les principes et méthodes clés de la psychologie contemplative :

1. La santé intrinsèque

SONY DSCLa notion de santé brillante intrinsèque se trouve au cœur de la psychologie contemplative. Cette santé a pour qualités l’ouverture, la compassion et la clarté. Elle est présente en tous les êtres humains, même lorsqu’ils sont malades. Elle est perceptible dans les moments de présence et d’ouverture du cœur. La sagesse et la noblesse inhérentes à la nature humaine se manifestent alors naturellement.

Cette santé fondamentale est souvent masquée par la névrose et la confusion. Elle n’en est pas moins là. Ce n’est pas un nouveau concept à adopter mais une réalité que nous re-découvrons au cœur même de notre expérience dès lors que nous sommes prêts à nous ouvrir à tout ce qui survient avec courage et bienveillance.

La psychologie contemplative travaille donc avant tout à reconnaître et à cultiver les ressources naturelles et la créativité de la personne plutôt que de se concentrer sur ses symptômes ou sur les difficultés qu’elle traverse.

2. Méditation et entraînement à la pleine conscience

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La méditation est une pratique plurimillénaire et transculturelle, qui permet d’explorer son esprit de manière directe. Elle est l’outil de base de l’approche contemplative.

Par la pratique de la méditation, le corps et l’esprit se synchronisent, l’attention se développe et nous affinons notre capacité à ressentir, à voir et à accueillir tout ce qui se présente moment après moment. Nous découvrons qui nous sommes réellement, au-delà des idées préconçues, des dogmes et des croyances. La méditation aide ainsi à dénouer les conditionnements et nous permet d’accéder aux ressources de guérison toujours naturellement disponibles.

Grâce à la pleine conscience que nous avons ainsi développée, nous pouvons rester présents dans le travail avec les autres. Nous reconnaissons nos propres schémas habituels et ceux des autres en même temps que la sagesse inhérente à la situation.

Au cours du 20ème siècle, la méditation a fait l’objet de recherches scientifique en Asie, en Europe et aux États-Unis. Depuis la fin des années 1990, on assiste à une croissance exponentielle des recherches sur la pleine conscience et ses applications dans les domaines du soin, de l’éducation et du social.

3.  « L’échange compatissant »

SONY DSCSelon la psychologie bouddhiste, il n’y a pas fondamentalement de dualité entre soi et les autres. Nous avons naturellement la capacité d’être touchés par le monde et de ressentir de la compassion pour les autres. Lorsque nous sommes complètement ouverts et réceptifs à l’expérience physique, émotionnelle et mentale d’une autre personne, nous éprouvons l’impact que cela a sur nous à ces mêmes niveaux physique, émotionnel et mental. C’est ce phénomène naturel d’expérience directe de l’autre que nous appelons « échange » en psychologie contemplative.

Cet échange, d’une grande intensité émotionnelle, est possible quand nous savons créer un environnement protégé (« conteneur »), en étant présent en pleine conscience et en accueillant l’autre inconditionnellement.

En psychologie contemplative, nous nous entraînons à la pleine conscience pour reconnaître ce phénomène de l’échange et offrir à l’autre un « conteneur » chaleureux et compatissant. Nous nous formons à utiliser l’échange pour aider l’autre à travailler ses difficultés et à cultiver ses forces. Cette pratique, que nous appelons « l’échange compatissant », initie et soutient un processus de guérison profond.

Le phénomène de l’échange ne se confond pas avec celui du transfert en psychanalyse. L’échange se situe au niveau non-conceptuel et la guérison s’opère par le partage inconditionnel et direct de ce qui émerge. La santé intrinsèque devient tangible.

Les études récentes de la neuroscientifique Tania Singer s’intéressent à quatre états émotionnels différents dans la relation à l’autre : la contagion émotionnelle, l’empathie, la détresse empathique et la compassion. Pour elle, seule la compassion est capable de transformer les phénomènes de contagion émotionnelle, de détresse empathique et les réactions protectrices de fermeture et d’évitement qui sont courants dans les milieux professionnels exposés et qui sont responsables du syndrome de burn-out.

En décrivant le phénomène de l’échange, la psychologie contemplative distingue un aspect supplémentaire dans l’expérience de résonance avec autrui. Comme l’empathie, l’échange désigne la capacité naturelle à entrer en résonance avec l’autre. Cependant, là où le terme « empathie » pointe essentiellement l’aspect de résonance émotionnelle, le terme “échange” fait référence à une résonance plus vaste, qui se situe également aux niveaux du corps et de l’esprit.

4. Travail avec les émotions et leur énergie

boule de feuLes émotions perturbatrices telles que la colère, la jalousie, l’envie ou la possessivité sont génératrices de souffrance. Elles nous conditionnent et sont souvent des obstacles dans notre communication au quotidien.
Dans le contexte de la psychologie contemplative, travailler avec ces émotions signifie apprendre à rester avec elles plutôt qu’à les réprimer ou à agir de manière impulsive. Une fois reconnues, ressenties et accueillies, elles nous font moins peur et peuvent nous permettre d’entrer en contact avec notre énergie vitale, car les émotions sont avant tout énergie.
Par la pratique de la méditation, nous développons une plus grande acceptation de nous-mêmes et de ce qui se présente dans nos vies. Cela nous permet d’être plus détendus et d’avoir l’esprit plus clair. Dans l’espace créé, les énergies sous- jacentes aux émotions surgissent librement.

Grâce à la pratique de “Maitri, conscience de l’espace”, nous nous familiarisons avec les manifestations à la fois saines et névrotiques de nos émotions et avec les états d’esprit qu’elles engendrent. Cette pratique, mise au point par Chögyam Trungpa Rinpoché, puise dans les enseignements tibétains sur les cinq familles de Bouddha.
En méditant dans des environnements et des postures de yoga spécifiques, les émotions sont intensifiées. Nous apprenons à ne plus avoir peur des émotions fortes et à nous relier directement à la qualité énergétique de notre expérience.

« Maitri » est un mot sanskrit signifiant bienveillance, amitié envers soi-même et les autres

5. Communication en pleine conscience

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La psychologie contemplative nous apprend à parler de notre expérience dans l’instant présent. Refouler la vérité dans la communication bloque notre énergie vitale à un niveau fondamental. En apprenant à exprimer notre « vérité microscopique” dans le moment présent – à cœur ouvert et tout en respectant l’autre et en ayant pour intention d’ouvrir la situation de communication – nous libérons cette énergie contenue et notre vitalité peut s’exprimer librement. Nous pouvons progressivement devenir plus habiles dans la communication grâce à une attention plus grande à la parole et nos relations interpersonnelles s’en trouvent enrichies et approfondies tant au niveau personnel que professionnel.

Grâce aux méthodes de la psychologie contemplative, nous…

  • développons la confiance en notre propre santé brillante. C’est la condition nécessaire pour pouvoir ensuite la reconnaître et la cultiver chez les autres.
  • cultivons notre capacité à voir avec précision, clarté et acceptation notre situation dans le moment et les problèmes et perturbations qui émergent. C’est ce que l’on appelle la pleine conscience.
  • gagnons en capacité à lâcher prise des pensées et à faire l’expérience des choses de manière directe, après être passés par le travail nécessaire d’analyse conceptuelle. Cela permet de regarder la situation de façon plus ouverte et de transcender notre tendance à poser des jugements et des diagnostics qui peuvent être réducteurs.
  • développons notre capacité à voir la relation de travail comme un processus d’échange, dans lequel le thérapeute, le travailleur social ou l’enseignant donne et reçoit, change et s’enrichit tout autant que celui avec qui il travaille. C’est l’antidote à l’épuisement qui guette les professionnels de l’aide.